LUNDI
Paris s’est réveillé sous un ciel couvert, et j’ai dans l’idéeque la ville n’avait pas le cœur à rire, car ce matin, au cimetière du Père-Lachaise, on a incinéré Antonio Soriano, un grand intellectuel espagnol à qui cette ville avait offert l’hospitalité il y a des années. Soriano a été le fondateur de la fameuse Librairie Espagnole de Paris, devenue un point de rencontre d’intellectuels de l’exil espagnol d’abord, et ensuite des lettres hispano-américaines. Tout le monde est passé par ce lieu et cet angle de la rue de Seine rejoint l’imaginaire d’un Paris dont nous rêvions tous. Il y a un petit moment que la librairie a été transférée rue Littré, où la famille Soriano entretient le même esprit. Ce matin, au Père-Lachaise, tout le monde était là, il y a eu des lectures et des interventions, et à la fin Paris s’est mis à pleurer une pluie fine, tout simplement parce que l’on regrette le départ des gens qu’on aime. Mais Antonio Soriano restera toujours dans le cœur des rues.
Extrait de « Dans Mon Journal »
Libération Samedi 5 et Dimanche 6 novembre 2005
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